Savoirs et imaginaires 1A. Alain Vaillant : – Vertige et hantise de la violence : la face obscure de la modernité littéraire

    Venant après l’âge des Lumières, qui devait faire triompher la raison critique et le progrès de la civilisation, le XIXe siècle semble au contraire marqué par une véritable obsession de la violence : violence des guerres et des révolutions, violence sociale, violence criminelle des bas-fonds, violence sexuelle. Telle est, peut-être, la principale nouveauté, spectaculaire et scandaleuse, introduite par la modernité : la consécration esthétique de la violence, que la culture de l’Ancien Régime avait cantonnée dans ses marges ou rigoureusement canalisée, notamment dans le cadre de l’art religieux et dans la peinture d’Histoire.

  La violence, à la fois terrible et magnifique, fait désormais irruption partout : elle bouleverse le roman, la poésie, le théâtre, avant d’envahir à partir du XXe siècle tous les arts de l’image. Bien sûr, avec la violence, c’est la face obscure de l’humanité qui est ainsi représentée et signifiée : ses pulsions, sa déraison, ses aspirations inconscientes, sa brutalité collective. Mais, au-delà des bouleversements esthétiques qu’elle induit et qui touchent la poétique de tous les genres, c’est la nature et la fonction mêmes de la littérature qui s’en trouvent irrémédiablement transformées.

  À travers la lecture de textes empruntés à tout le siècle, le séminaire se fixera pour objet d’interpréter cette esthétique moderne de la violence littéraire et d’en mesurer la signification historique. Quatre œuvres majeures (voir ci-dessous) feront l’objet d’analyses approfondies.



Textes étudiés :


Victor Hugo, Han d’Islande.

Eugène Sue, Les Mystères de Paris.

Charles Baudelaire, Les Fleurs du Mal

Lautréamont (Isidore Ducasse), Les Chants de Maldoror

Mis à jour le 20 juin 2014