Esthétique des genres A. : Jean-René Valette, Le merveilleux dans la littérature française du Moyen Age. Discours critiques et lectures croisées

Le merveilleux occupe une place considérable dans la littérature française des XIIe et XIIIe siècles, tout particulièrement dans le domaine narratif (lais, romans en vers et cycles romanesques en prose). Dans le cadre de ce séminaire de recherche, nous nous intéresserons aussi bien aux personnages et aux thèmes qu’aux discours critiques que ce thème a pu susciter, à la croisée de la littérature et des sciences humaines. Deux volets principaux seront développés.

1. — Problématiques du merveilleux : éléments d’historiographie critique

En tant qu’expression privilégiée d’un imaginaire très diversifié dans ses origines, ses motifs, ses formes, ses visées, le merveilleux a sollicité la quasi-totalité de l’arsenal méthodologique actuellement en usage dans les sciences humaines. Une première partie du séminaire s’intéressera aux approches dont le merveilleux médiéval a été l’objet. Entre les années 1950 et le début du XXIe siècle, il est possible de distinguer trois « moments » principaux :

1) Les sollicitations mythiques (le paradigme trifonctionnel, la mythanalyse et les images archétypales, la pensée mythique et la critique des traces).

2) Les travaux centrés sur la production du texte médiéval (les mots du merveilleux, l’élaboration d’un fantastique médiéval, la construction d’une poétique du merveilleux).

3) Le dialogue histoire/littérature et l’approche socio-historique du merveilleux.

2. — Petit atlas du merveilleux : l’Autre, l’Ailleurs et l’Autrefois

L’étude se concentrera également sur un certain nombre de thèmes, de motifs et de formes :

- Les supports (objets magiques) et des espaces du merveilleux (les îles, l’Orient, etc.).

- Les acteurs : les fées et les magiciennes, les monstres, le diable et ses suppôts, le Graal, les nains et les enchanteurs, le bestiaire, les ermites, les saints et les anges, etc.

- Les formes et les registres : la merveille bretonne, le merveilleux épique, l’écriture fantastique, le récit de miracle, le merveilleux encyclopédique, le récit de rêve, etc.


 

 

Textes étudiés :

 Outre les romans de CHRETIEN de TROYES, connus de la plupart des étudiants, seront étudiés les Lais de MARIE DE FRANCE et les Lais anonymes (GF-Flammarion) ainsi que le Lancelot en prose (Lettres gothiques). L’ouvrage de F. Dubost, signalé ci-après, permet d’accéder à un grand nombre de textes merveilleux..


Choix d'études :

Aubailly Jean-Claude, La Fée et le Chevalier. Essai de mythanalyse de quelques lais féeriques des XIIe et XIIIe siècles, Paris, Champion, 1986.

Dubost Francis, Aspects fantastiques de la littérature narrative médiévale (XIIe-XIIIe siècles). L’Autre, l'Ailleurs, l'Autrefois, Paris, Champion, 1991, 2 vol.

Guerreau-Jalabert Anita, « Fées et chevalerie. Observations sur le sens social d’un thème dit merveilleux », Miracles, prodiges et merveilles au Moyen Age, XXVe Congrès de la SHMES (Orléans, juin 1994), Paris, Publications de la Sorbonne, 1995, p. 133-150.

Harf-Lancner, Laurence, Les Fées au Moyen Age. Morgane et Mélusine, la naissance des fées, Paris, Champion, 1984.

Le Goff Jacques, « Le merveilleux dans l'Occident médiéval », L’Imaginaire médiéval, Paris, Gallimard, 1985, p. 17-39 ; repris dans Un Autre Moyen Age, Paris, Gallimard (Quarto), 1999, p. 455-476.

Poirion Daniel, Le Merveilleux dans la littérature française du Moyen Age, Paris, PUF (Que sais‑je ?), 1982.
 

 

Mis à jour le 23 juin 2014